L’électrification des poids lourds s’impose comme un virage majeur dans la décarbonation du transport routier de marchandises. Mais au-delà des annonces politiques et des ambitions industrielles, une question fondamentale reste en suspens : quel est l’impact environnemental réel de la recharge des camions électriques ? Contrairement aux idées reçues, passer du diesel à l’électrique ne garantit pas automatiquement une empreinte carbone neutre. Entre le mix énergétique, la fabrication des batteries, l’installation des infrastructures et la durée de vie des véhicules, chaque étape compte.
La recharge des poids lourds électriques : une avancée réelle pour le climat
Réduire les émissions du transport routier passe inévitablement par la transformation des flottes. Et sur ce plan, les poids lourds électriques s’affirment comme une solution crédible, à condition de bien comprendre leur impact environnemental.
Moins d’émissions directes, plus de maîtrise sur le cycle de vie
Première évidence : un camion ou un bus électrique n’émet aucun gaz à effet de serre lors de son utilisation. Contrairement à un camion diesel, chaque kilomètre parcouru n’émet ni CO₂, ni NOx, ni particules fines en sortie d’échappement. Dans un contexte de zones à faibles émissions (ZFE) qui se multiplient en France, cet avantage devient stratégique pour les entreprises de transport opérant en milieu urbain ou périurbain.
Mais l’impact ne s’arrête pas là. Ce qui compte aujourd’hui, c’est l’analyse du cycle de vie : de la fabrication du véhicule (notamment de ses batteries), à son exploitation, jusqu’à son recyclage. Et sur ce plan, les études sont claires : au bout de 150 000 à 200 000 km, un poids lourd électrique devient plus vertueux qu’un diesel, même en tenant compte d’une électricité issue partiellement de sources fossiles. En France, où le mix électrique est faiblement carboné, ce seuil est atteint encore plus rapidement.
L’impact du mix énergétique sur la recharge
La provenance de l’électricité utilisée pour la recharge est un facteur déterminant. En France, grâce à un mix dominé par le nucléaire, l’hydroélectricité et les renouvelables, la recharge d’un poids lourd électrique est largement décarbonée, avec une émission moyenne de 50 g CO₂/kWh, contre plus de 500 g/kWh en Allemagne ou en Pologne.
Cela signifie concrètement que recharger un poids lourd électrique en France permet de diviser par 10 les émissions de CO₂ par rapport à un camion diesel équivalent. Et ce, sans compromis sur l’autonomie, qui atteint aujourd’hui 300 à 500 km selon les modèles, avec une recharge rapide sur des bornes haute puissance.
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La fabrication des batteries : un enjeu clé à relativiser
Si les poids lourds électriques suscitent parfois des critiques, c’est souvent à cause de l’impact environnemental de la fabrication des batteries. Il est vrai que ce processus est énergivore, mais il faut en analyser les données avec rigueur et objectivité.
Une fabrication énergivore mais amortie sur le long terme
La production d’une batterie lithium-ion de grande capacité – comme celles utilisées dans les camions électriques – génère en moyenne entre 5 et 10 tonnes de CO₂, selon l’origine des matériaux et l’énergie utilisée dans les usines. Cette empreinte initiale est souvent pointée du doigt, notamment par les défenseurs des motorisations thermiques.
Mais cet impact est rapidement amorti grâce à l’absence d’émissions en phase d’usage. Dès que le poids lourd dépasse les 150 000 km, les émissions globales deviennent inférieures à celles d’un équivalent diesel. Ce seuil est encore abaissé lorsque l’électricité utilisée pour la recharge provient de sources renouvelables ou bas-carbone – ce qui est souvent le cas en France.
De plus, la filière progresse vite. De nombreux constructeurs de batteries, comme ceux intégrés dans les projets de Renault Trucks ou Volvo, utilisent désormais de l’électricité verte dans leurs processus de production, et réduisent l’impact des métaux critiques (comme le cobalt ou le nickel) en optimisant les chaînes d’approvisionnement.
Vers un recyclage et une seconde vie des batteries
Autre avancée majeure : le recyclage et la seconde vie des batteries. Contrairement à une idée reçue, une batterie de camion électrique n’est pas mise à la casse une fois son autonomie réduite. Elle peut être réutilisée dans des applications stationnaires – pour du stockage d’énergie dans des bâtiments ou pour stabiliser un réseau local.
Les projets de boucles circulaires se multiplient en Europe. En France, des initiatives comme celles de Verkor ou Northvolt permettent déjà de recycler plus de 90 % des matériaux stratégiques contenus dans les batteries. L’impact environnemental global est donc appelé à baisser encore dans les années à venir.

Poids lourds électriques, diesel ou hydrogène : qui a le meilleur bilan environnemental ?
Le choix technologique dans le transport routier de marchandises ne doit pas se faire à l’aveugle. Pour les entreprises, comprendre les différences d’impact environnemental entre le diesel, l’hydrogène et l’électrique batterie est essentiel pour prendre des décisions stratégiques alignées avec leurs objectifs RSE.
Le diesel : une technologie à bout de souffle
Le camion diesel reste aujourd’hui encore majoritaire en France. Mais il représente aussi l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur du transport. En moyenne, un poids lourd diesel émet plus de 1 200 g de CO₂ par km parcouru, sans compter les émissions de NOx et particules fines, particulièrement nocives en milieu urbain.
Au-delà de l’aspect climatique, le diesel subit une pression réglementaire croissante : restrictions dans les ZFE, fin programmée de la vente de véhicules thermiques en 2040, fiscalité énergétique renforcée… Bref, une solution de moins en moins viable pour l’avenir.
L’hydrogène : prometteur mais encore immature
Le camion à hydrogène séduit par sa promesse : zéro émission à l’échappement et une autonomie supérieure à celle de l’électrique batterie. Mais dans les faits, son impact environnemental dépend fortement de l’origine de l’hydrogène utilisé.
Actuellement, 95 % de l’hydrogène produit en Europe est d’origine fossile (hydrogène "gris"), générant une empreinte carbone parfois supérieure à celle du diesel. Seul l’hydrogène "vert", issu d’électrolyse alimentée par des énergies renouvelables, permet un bilan réellement vertueux. Mais il reste encore très marginal et coûteux.
Par ailleurs, la filière hydrogène manque encore d’infrastructures, et les coûts des véhicules comme des stations sont très élevés. Pour les entreprises, le TCO reste difficile à maîtriser, malgré les aides disponibles.
L’électrique batterie : le choix du présent et de l’avenir
Face à ces alternatives, le poids lourd électrique à batterie apparaît comme la solution la plus mature, disponible et écologiquement viable à court et moyen terme. Grâce à une recharge majoritairement bas-carbone en France, une efficacité énergétique élevée (trois fois supérieure au diesel), et une baisse continue des coûts, il combine performance environnementale et rentabilité.
Infrastructures de recharge : quel impact environnemental ?
On parle souvent des véhicules électriques, mais plus rarement des infrastructures nécessaires à leur fonctionnement. Pourtant, les bornes de recharge, notamment pour les poids lourds, jouent un rôle clé dans l’évaluation de l’impact environnemental global de la filière.
Une empreinte environnementale maîtrisable
La construction d’une station de recharge pour poids lourds électriques implique du génie civil, du matériel électrique (transformateurs, câblage HTA, armoires techniques), et l’installation des bornes elles-mêmes, parfois très puissantes (jusqu’à 1 MW par point de charge). Ce processus génère une empreinte carbone initiale, liée aux matériaux, aux transports et à la consommation énergétique du chantier.
Mais cette empreinte est faible en comparaison des gains environnementaux obtenus sur la durée de vie de l’installation. Une station bien dimensionnée, utilisée intensément sur plusieurs années, permet d’éviter des centaines de tonnes de CO₂ par an en remplaçant des camions diesel par des modèles électriques. De plus, la mutualisation des stations sur des hubs logistiques ou autoroutiers optimise leur rentabilité écologique.
Vers des stations plus durables et intelligentes
Les nouvelles générations d’infrastructures sont conçues pour réduire leur propre impact. Intégration de matériaux recyclés, systèmes de pilotage énergétique, production locale d’énergie renouvelable (via des toitures solaires ou des ombrières photovoltaïques), ou encore stockage tampon avec batteries de seconde vie : tout est pensé pour minimiser l’empreinte carbone des stations de recharge elles-mêmes.
C’est exactement l’approche défendue par Bump, qui développe des projets de recharge à faible impact, en collaboration avec les gestionnaires de flotte et les sites logistiques. L’objectif : maximiser l’efficacité énergétique, limiter le recours au réseau national aux heures de pointe, et offrir une recharge réellement durable.
Les infrastructures ne sont donc pas un point faible du modèle électrique. Bien au contraire : elles sont un levier d’optimisation environnementale, à condition d’être bien pensées dès la conception et exploitées à leur plein potentiel.
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